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    L'attitude de Donald Trump inquiète les donateurs du Parti républicain

    «Je me couche le soir en espérant que je me réveillerai le lendemain et que tout cela n'aura été qu'un mauvais rêve.»

    WASHINGTON — Les donateurs républicains ne s'attendaient pas à ce que Donald Trump fasse une campagne traditionnelle, mais ils ne s'attendaient pas non plus à ce que le Parti républicain implose comme il l'a fait cette semaine.

    «Je ne sais pas ce qu'il essaye de faire —un suicide politique?» dit Stan Hubbard, milliardaire à la tête de la compagnie audiovisuelle Hubbard Broadcasting et important donateur de l'État du Minnesota lors d'un rassemblement pro-Trump. Stan Hubbard a passé des mois à essayer de convaincre d'autres donateurs, comme les industriels Charles et David Koch, de soutenir Donald Trump.

    Cependant, les derniers commentaires de Donald Trump, et notamment ceux sur les parents d'un soldat américain musulman décédé pendant la guerre en Irak, n'avaient «aucun sens» pour Stan Hubbard. Ce dernier a ajouté qu'il avait envoyé une lettre au président du comité national républicain Reince Priebus lui demandant de faire quelque chose. «Le monde entier se moque de cette histoire. C'est très frustrant.»

    Même si la campagne de Donald Trump et le comité républicain ont annoncé avoir levé 80 millions de dollars de fonds en juillet, le candidat s'approche dangereusement de l'implosion. Il a continué ses attaques contre la famille Khan, refusé de soutenir Paul Ryan et John McCain dans leurs primaires respectives, et a suggéré à la Russie de pirater la boîte mail de Hillary Clinton. Une républicaine influente —Meg Whitman— a dit que non seulement elle comptait faire un don à Hillary Clinton, mais qu'en plus, elle encouragerait ses amis à faire de même.

    Les donateurs potentiels y pensent à deux fois avant de s'engager, alors que ceux qui se sont convaincus de soutenir Donald Trump, comme Stan Hubbard, sont désespérés par le comportement du candidat aux présidentielles.

    Selon un officiel du Parti républicain ayant des liens avec la campagne de Donald Trump, le vice-président de la Trump Organization, Michael Cohen était (avec d'autres) chargé de rassurer les donateurs inquiets. Il y aurait «un risque certain» pour que les donateurs potentiels retirent leur soutien, a dit l'officiel, qui a ajouté: «Nous verrons comment se déroulent les choses la semaine prochaine.» Michael Cohen n'a par ailleurs pas immédiatement répondu à notre demande de commentaire.

    Un autre républicain, habitué des collectes de fonds de la campagne de Donald Trump, a dit que si les donateurs existants étaient frustrés, «certains donateurs potentiels ne sont pas pressés, parce qu'ils veulent être sûrs que la campagne se déroule d'une façon disciplinée et viable. Si vous traînez dans les sondages et que vous êtes indiscipliné, pourquoi quelqu'un voudrait-il faire un chèque de 100.000 dollars?»

    Néanmoins, cette source a ajouté qu'elle ne pensait pas que ceux ayant déjà donné hésiteraient dans leur soutien à Donald Trump.

    Stan Hubbard, quant à lui, affirme qu'il ne quittera pas le navire immédiatement. Il suggère en revanche que si le candidat du Parti libertarien Gary Johnson, ancien gouverneur de l'État du Nouveau-Mexique, recevait suffisamment de soutien, il pourrait changer de bord. «Ça serait intéressant à voir», commente-t-il. «C'était un bon gouverneur. Il n'en fait pas trop. Il n'est pas dingue. S'il y a un effort de fait, bien sûr que je pourrais le soutenir.»

    Il a aussi reconnu que toute tentative d'intervention pour contrôler Donald Trump serait inutile. «Je ne pense pas que quiconque puisse le contrôler. Il devrait se contrôler lui-même. »

    Un important collecteur de fonds républicain et ancien assistant de Richard Nixon et de George H.W. Bush, Fred Malek, a aussi dit que les actions de Donald Trump étaient «autant de raisons de s'alarmer».

    «Comment lui, ou quiconque dans sa campagne, peut-il s'imaginer que c'est une bonne idée de ne pas soutenir le porte-parole de la Chambre des représentants [Raul Ryan, ndlr] et l'un de nos sénateurs les plus héroïques [John McCain, ndlr]?» ajoute Fred Malek.

    Paul Ryan et John McCain sont actuellement candidats dans leurs États respectifs, le Wisconsin et l'Arizona, pour les élections législatives de novembre.

    «Et pourquoi continuer à nourrir un scandale dans lequel on a le mauvais rôle?» continue-t-il, en faisant référence à la réponse de Donald Trump à la famille musulmane.

    En dépit de l'inquiétude des donateurs, une source impliquée dans la campagne dans l'État du Massachusetts ce week-end a dit n'avoir vu «aucune baisse de fréquentation ou d'érosion dans les soutiens» —pour l'instant.

    Certains donateurs qui ont hâte de battre Hillary Clinton disent qu'ils n'ont pas d'autre choix que de soutenir Donald Trump même s'ils perdent patience avec le candidat. Et Mica Mosbacher, ancienne co-directrice financière du Parti républicain qui a aidé a organiser des collectes de fonds pour Donald Trump au Texas le mois dernier, explique que la frustration des donateurs n'affecterait pas forcément leurs dons. «Même si les donateurs ne sont pas toujours d'accord avec sa rhétorique, Donald Trump reflète la force et représente un meilleur avenir économique», a-t-elle dit.

    Dale Dykema, qui a contribué à un rassemblement pro-Trump et au comité de liaison entre la collecte de fonds de la campagne et le Parti républicain, a dit avoir récemment participé à un repas avec le candidat et quelques autres personnes en Californie. Elle dit avoir eu bon espoir que Donald Trump change de comportement.

    «Je pensais qu'il pouvait changer, mais ses apparitions de ces derniers jours ont été extrêmement décourageantes. Il utilise en boucle la même phrase utilisée par Paul Ryan quand il a annoncé ne pas pouvoir le soutenir. Cela semble très peu digne d'un candidat présidentiel et complètement injustifié.»

    «Je ne suis pas très optimiste sur le fait qu'ils pourront changer beaucoup de choses, honnêtement. Il est qui il est et c'est dur pour lui de changer», déclare-t-il, avant d'ajouter: «Je me couche le soir en espérant que je me réveillerai le lendemain et que tout cela n'aura été qu'un mauvais rêve.»