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    La photo de la valise nucléaire américaine n'est pas une faille de sécurité

    Montrer le visage du soldat n'était pas illégal et n'allait pas à l'encontre du protocole, mais c'était mal venu, a expliqué un haut responsable de la défense à BuzzFeed News.

    WASHINGTON – Un post sur Facebook montrant le visage du soldat en charge de la tristement célèbre «valise» –qui transporte des informations essentielles au président des États-Unis en cas d'attaque nucléaire– ne présente pas une menace pour la sécurité nationale américaine, ont expliqué deux responsables de la défense à BuzzFeed News.

    Ce week-end, Richard DeAgazio, un membre du club Mar-a-Lago de Trump, a publié deux posts sur Facebook à propos de ses interactions avec le président, son équipe, et l'invité du président, le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Ces posts ont déclenché une avalanche de spéculations sur Twitter essayant de déterminer s'il existait un précédent pour ce genre de photo. Le Pentagone s'est interrogé au sujet de qui exactement a accès aux secrets nationaux, comme les codes nucléaires, lorsque des décisions sont prises en public.

    Dans un post du 11 février, Richard DeAgazio a publié deux photos d'un soldat dont le travail est de transporter ladite valise, partout où le président se rend. Cette valise contient des plans d'attaque, des moyens de communication pour que le président puisse joindre le Pentagone, et d'autres informations essentielles qui ne peuvent être vues que par le président en cas d'attaque nucléaire.

    Sur la première photo, Richard DeAgazio et le soldat sont bras dessus, bras dessous. Sur la seconde, le soldat transporte la valise et se dirige vers un bâtiment accompagné par d'autres personnes officielles.

    La valise «est un terminal mobile faisant partie du système de défense stratégique des États-Unis. Elle est tenue par un aide de camp, et c'est Rick», peut-on lire sur le post de Richard DeAgazio.

    Si montrer le visage du soldat n'est pas illégal et ne va pas à l'encontre du protocole, c'était mal venu, a expliqué un haut responsable de la défense à BuzzFeed News.

    Après tout, la valise –et celui qui la porte– accompagnent le président partout, et ils se retrouvent donc sur certaines photos. Il est en arrière plan partout où le président se rend. John Noonan, un ancien responsable nucléaire sous Ronald Reagan, l'a confirmé sur Twitter, faisant remarquer qu'un ancien doyen de l'Institut militaire de Virginie avait un jour monté tout un diaporama de photos de John Noonan, au côté de Ronald Reagan, lorsqu'il transportait la valise.

    Ceci étant dit, tous les précédents transporteurs ont essayé de rester aussi anonymes que possible en étant en permanence à quelques mètres du président.

    «À mon avis, nous, en tant que responsables militaires et étant donné que nous travaillons pour nos représentants élus ainsi que les personnes qui servent nos représentants élus, essayions généralement de faire profil bas. Ça n'est jamais à propos de nous. C'est à propos de la mission et des personnes que nous servons», explique un des représentants de la défense à BuzzFeed News.

    Richard DeAgazio a posté une seconde série de photos montrant des personnes officielles autour d'une table lorsqu'elles ont appris que la Corée du Nord avait lancé un missile balistique de moyenne portée, samedi soir, heure des États-Unis. Le missile a atterri dans la mer du Japon et a pris le gouvernement, et ses invités, par surprise.

    Ce post représentait une plus grande menace que le «selfie», d'après ce que l'on a pu ressentir dans les couloirs du Pentagone lundi 13 février. De nombreuses personnes se sont demandé dans quelle mesure les membres du club de Donald Trump, qui payent des sommes élevées pour en faire partie, avaient désormais accès aux rouages internes du gouvernement. D'autres se demandaient à quel point de simples citoyens pouvaient se rapprocher du centre de décision au moment d'une crise nationale. Est-ce qu'un membre du club pourrait alors entendre les conversations, intervenir, ou «tweeter» les délibérations?

    Le Pentagone a refusé de commenter sur le soldat, faisant remarquer qu'il travaillait pour la Maison-Blanche, vers laquelle les responsables ont redirigé les questions. Le compte Facebook de Richard DeAgazio a depuis été supprimé.

    Ce post a été traduit de l'anglais.