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    Comment un enterrement a aidé à retrouver Salah Abdeslam

    Info BuzzFeed News — Sur demande des Belges, la NSA a surveillé tous les téléphones présents à l'enterrement du kamikaze de Saint-Denis, ce qui a permis une percée dans la traque de Salah Abdeslam.

    Bruxelles, Belgique — La traque du principal suspect des attentats de Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts en novembre 2015 a soudainement progressé quand les responsables belges ont demandé de l'aide à la NSA.

    Après quatre mois de fouilles d'appartements sans succès, dans la ville de Bruxelles et ses alentours, la police belge a décidé de faire appel à la NSA pour retrouver Salah Abdeslam, le seul suspect survivant des attentats de Paris et Saint-Denis, selon un responsable de la lutte antiterroriste et un enquêteur de la police belges.

    Les deux agents ont déclaré à BuzzFeed News que le gouvernement belge avait fait appel à la NSA pour assurer une surveillance des téléphones mobiles de plusieurs personnes assistant à l'enterrement de l'un des autres terroristes parisiens, début mars, dans l'espoir qu'elle les mènerait à Abdeslam. Celui-ci a été appréhendé après une fusillade, dans la capitale belge, le 18 mars.

    L'avancée décisive s'est produite après l'identification par ADN de Chakib Akrouh, mort lors de l'explosion de sa ceinture piégée au cours de l'assaut de Saint-Denis du 18 novembre 2015. Une fois que son corps, très endommagé lors de l'explosion, a été identifié, la famille de Chakib Akrouh a organisé son enterrement au début du mois de mars.

    Un enterrement très surveillé

    Cet enterrement a permis la progression de la traque d'Abdeslam car les autorités belges avaient posté en observation une unité de police chargée de surveiller la cérémonie. Les Belges ont vite réalisé qu'il leur fallait rassembler le plus d'informations possible sur les participants, et ils ont donc contacté leurs homologues de la NSA pour collecter massivement des métadonnées issues de leurs téléphones.

    Bien que les services de police et de renseignement belges aient la capacité d'écouter et de tracer les communications téléphoniques classiques, un analyste du renseignement belge a déclaré que la technologie de pointe de la NSA permettait d'effectuer beaucoup plus vite la collecte et le traitement d'une grande quantité de données pour les transformer en informations utilisables.

    «Nous avons fait appel à la NSA avant l'enterrement», a déclaré un responsable de la sûreté de l'Etat, dont les propos ont été confirmés ultérieurement par un responsable de la police belge. «Comme Edward Snowden l'a si bien expliqué à tout le monde, la NSA est la meilleure pour intercepter les signaux». Avec l'aide de la NSA, ils «se sont emparés de toutes les informations des téléphones présents [à l'enterrement]», a dit ce même responsable de la sûreté de l'Etat.

    Les deux responsables ont décrit une scène où une connaissance avérée d'Abdeslam était en train de filmer l'enterrement: «Le gars filmait ça sur son smartphone —ça voulait dire qu'il allait envoyer le fichier à quelqu'un, hein?» a dit l'agent de la sûreté de l'Etat. «On a demandé à la NSA d'analyser tout particulièrement ce téléphone.»

    La NSA a refusé de commenter l'opération mais un porte-parole du directeur de l'agence a envoyé un article dans lequel James Clapper, directeur du renseignement américain, disait: «L'Otan est environnée de menaces diffuses d'une complexité croissante. En conséquence, nous devons tendre vers un renseignement toujours plus intégré pour conserver une longueur d'avance.»

    Le rôle de la surveillance numérique de masse par les Américains dans la capture des principaux suspects terroristes en Europe est au cœur d'un débat animé entre les mérites d'une telle coopération par rapport aux inquiétudes de l'Europe face à la confidentialité des données numériques. Alors que le gouvernement belge a gardé un calme relatif face aux allégations d'Edward Snowden, la révélation de l'espionnage ciblé du téléphone mobile de la chancelière allemande Angela Merkel par les renseignements américains avait entraîné des tensions diplomatiques avec l'Allemagne.

    Lire l'enquête complète en anglais: À la poursuite de Daech: pourquoi l'Europe n'arrive-t-elle pas à dépister les djihadistes en son sein