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    Hollywood commence enfin à accepter les cheveux crépus des actrices noires

    Pendant des années, j'ai caché la vraie nature de mes cheveux pour obtenir des rôles. La diversité grandissante à la télévision américaine fait que de plus en plus d'actrices peuvent faire ce qu'elles veulent de leur cheveux.

    Ce n'est pas un secret, la télévision n'a jamais été aussi multiculturelle. De nombreux rôles sont écrits pour des acteurs non blancs et des acteurs de couleur sont retenus pour des rôles traditionnellement attribués aux blancs. Avec la soi-disant montée du casting ethnique, je suis témoin d'un changement plus subtil (mais qui n'a également que trop tardé): l'acceptation des cheveux naturels des actrices de couleur.

    Il n'en a pas toujours été ainsi. Hollywood m'a appris à haïr mes petites boucles récalcitrantes, bien avant que je ne travaille là-bas. J'ai grandi dans le Sud des Etats-Unis à une époque où les cheveux naturels étaient considérés comme «nappy» [crépu en anglais] et ma mère m'emmenait religieusement chez le coiffeur toutes les semaines pour lisser mes nouvelles mèches rebelles. Je ne savais pas qu'il y avait d'autres options. Je n'avais jamais vu de filles sophistiquées avec des cheveux naturels. Je voulais ressembler à Tyra Banks, à Gabrielle Union, à Tia et Tamera Mowry, qui avaient des mèches longues, droites et voluptueuses.

    Quand j'ai déménagé à Los Angeles à 15 ans, j'ai eu la chance d'avoir un rôle régulier dans la sitcom de Nickelodeon Jordan. À l'époque, j'avais les cheveux aux épaules, lissés, et c'était les miens. Les producteurs ont décidé que mon personnage avait besoin de longues extensions de cheveux et, dans un certains sens, ils avaient raison. Mon personnage était un mannequin. Or, une mannequin afro-américaine en 2006 ne pouvait pas avoir un autre look que celui-là. Même lors des auditions, tout le monde avait les mêmes cheveux: lisses, droits et de style européen.

    Mais je haïssais les extensions. Elles étaient ternes et me descendaient jusqu'aux fesses. Rien de ce que j'ai découvert à la télévision n'était réel et les cheveux ne faisaient pas exception. Je regardais mon reflet pendant des heures, perplexe. Lorsque j'ai exprimé mon irritation à l'un des réalisateurs, on m'a dit de me taire pour ne pas contrarier le coiffeur ou les producteurs.

    OK.

    Je me suis toujours plus sentie comme une Erykah Badu que comme une Beyoncé. C'est alors qu'a commencé ma quête d'une chevelure naturelle. Les seules informations que j'ai pu trouver sur le sujet venaient d'une poignée de forums de soins capillaires afro. Ils avaient des galeries pleines de femmes exhibant leur magnifiques boucles rebelles et en pleine santé. Qui étaient ces gens? Je ne les avais jamais vu avant! Leurs cheveux avaient l'air si vivants! Mon point de vue sur la beauté a vite changé. Au lieu de ressentir un prestige en portant ces extensions, je me suis sentie asservie à un concept ignorant la vraie beauté. Quelle jeune femme ne désire pas se sentir belle telle qu'elle est avec ses propres cheveux?

    Sans consulter personne, j'ai commencé à porter mes cheveux naturels sous mes extensions. Après douze semaines, de minuscules petites boucles se sont formées. J'adorais sentir ces petites choses sortir de ma tête! C'était tellement fascinant! Pourtant, mon manque de confiance ne m'a pas permis de sortir du Programme de Protection des Boucles.

    Après avoir perdu plusieurs rôles contre des actrices blanches –alors que des actrices non blanches étaient expressément demandées, je n'ai rien pu y faire, j'ai voulu leur ressembler. Surtout quand toutes les filles noires qui étaient enrôlées avaient le look de Beyoncé. Je voulais me vendre. Je voulais travailler pour ABC Family, Disney et la CW (et d'ailleurs, c'est encore le cas aujourd'hui!). Je voulais rentrer dans la norme. Donc, à contre-cœur, j'ai gardé les extensions. Parfois raides, parfois bouclées, mais toujours très longues et européennes.

    Je n'ai pas été capable de mettre ce «faux moi» au placard jusqu'à l'été 2013, quand j'ai été engagée pour incarner une jeune athlète olympique dans la série américaine La diva du divan. Les producteurs se trouvaient à Atlanta , où la série était tournée, et j'ai postulé depuis Los Angeles. Ils ne m'avaient vu qu'avec mon tissage un peu frisé presque naturel mais quand même pas, sur la cassette que je leur ai envoyée. Le premier matin, je suis arrivée sur le plateau à Atlanta et pendant que je me faisais coiffer et maquiller, les producteurs ont fait savoir que, si je le voulais bien, ils aimeraient voir de quoi j'avais l'air sans mes extensions bien-aimées.

    À l'époque, c'était comme me demander de faire mes besoins naturels en public. Mais j'aime prendre des risques, donc je les ai enlevées. Et je ne les ai pas remises. J'avais gardé mes boucles soyeuses sous mes extensions pendant toutes ces années, et c'était le moment tant attendu. Si vous regardez cet épisode, vous pourrez assister aux prémices de mon look naturel, avec une queue de cheval gonflée. Je me sentais effrayée, euphorique et à mise à nue en même temps. Je me sentais si belle. Impossible de revenir en arrière. Être naturelle signifiait tant pour moi. Être naturelle c'est être moi.

    Je crois fermement que nous, artistes, avons une vraie influence dans le monde réel. Les personnages dans vos séries et émissions de télévision préférées fixent des normes de beauté, de féminité, de virilité dans notre société. En tout cas quand j'étais petite, je voulais imiter ce que j'avais vu à la télévision. Maintenant, en tant qu'actrice, je veux que les filles qui me voient soient à l'aise dans leur peau et avec leurs cheveux. Les rageux continueront à rager et les trolls à troller. Une fois, une coiffeuse de plateau m'a refroidie en me disant que les producteurs ne voudraient jamais me voir avec une afro. Mais le producteur l'a remise en place en disant: «Plus les cheveux de Chelsea sont sauvages, mieux c'est». Maintenant, je vois souvent d'autres actrices avec des boucles et des tresses aux auditions. Je les félicite. Je leur parle du Programme de protection des les boucles et leur demande quand elles en sont sorties.

    Une fois, alors que je marchais sur le plateau, j'ai entendu le producteur dire: «Mais qu'est-ce qu'on va faire de ces cheveux?» Bonne question. Qu'est-ce qu'on va faire? Le changement est naturel, tout comme mes cheveux.

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