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    Au meeting de Macron: «Je ne pardonnerai jamais à Hamon d'avoir torpillé le PS»

    Encartés au PS ou électeurs socialistes de toujours, ils se tournent désormais vers Emmanuel Macron, le seul capable selon eux de sortir du bipartisme.


    Bernard vient tout juste de sortir du métro que la foule qui se presse devant le Palais des Sports l'agace déjà. À 59 ans, ce retraité est pourtant un habitué des rassemblements politiques. Militant au parti socialiste pendant une vingtaine d'année, il en a écumé des palais, des arènes, des halles, pour écouter ceux qui défendaient le même idéal que le sien. En ce samedi 4 février, il ne vient pas écouter un socialiste, mais un homme politique qui a créé un mouvement «ni de droite, ni de gauche.»

    En marche vers l'Elysée, Emmanuel Macron a donné rendez-vous à ses soutiens au Palais des Sports de Lyon. Dans une salle accueillant 8000 spectateurs à l'intérieur et plusieurs milliers d'autres à l'extérieur selon les organisateurs, Emmanuel Macron a détaillé ses idées dans un discours fleuve d'environ 1h50. C'est la deuxième fois que Bernard assiste au meeting du candidat qui, pour lui, est le «plus proche de la réalité de la France». Alors qu'il a toujours voté pour le PS depuis Mitterrand, son vote ira en mai prochain pour l'ex-ministre de l'Économie.

    «Emmanuel Macron correspond davantage aux valeurs actuelles, c’est le candidat de la modernité, le plus jeune d'entre eux. Aujourd'hui, on vit dans une société où il faut composer entre le libéral et le social et si on veut débloquer la société et l'économie française, il faut sortir des schémas politiques, de ces anciens partis qui se complaisent dans de fausses nouvelles idées depuis des années», explique Bernard, en ajustant son bonnet aux couleurs de son club de foot de cœur, l'Olympique Lyonnais.

    «Je ne pardonnerai jamais aux Frondeurs d'avoir torpillé le PS»


    Derrière Bernard, Claude une ex-militante des Jeunesses Socialistes puis du PS âgée de 54 ans qui a suivi la conversation, ajoute que le Parti socialiste sera bientôt de l'histoire ancienne. «Y a pas mal de gens qui se retrouvent dans ce que dit Macron parce que la logique bipartiste, droite-gauche, n'existe plus aujourd'hui», explique-t-elle. La faute aux Frondeurs selon elle, qui «ont trahi Hollande et fait exploser le PS au nom d'une prétendue liberté qu'ils ne pourront jamais imposer».

    Dans le Palais des Sports, les dernières travées ne sont pas encore pleines mais Sarah a foi, car «Macron est le seul capable de remplir d'aussi grandes salles». Après avoir pris place au dernier rang et enfilé un t-shirt jaune fluo posé sur son siège et floqué du message «Emmanuel Macron président», cette puéricultrice de 32 ans nous parle de la déception qu'elle a éprouvé lors du mandat de François Hollande. Elle aussi rejette la faute sur les Frondeurs qui ont «torpillé ce qu'il restait du Parti socialiste», ajoutant qu'elle «ne leur pardonnerait jamais».

    «Mes parents étaient de fervents votants socialistes, et j'ai hérité de ça, mais Hollande m'a donné envie de ne plus jamais voter pour le PS», raconte Sarah. «La mandature de Hollande a été parasitée par Hamon, Montebourg, et les autres, qui ont empêché le tandem Hollande-Valls de progresser. Je regrette qu'ils se soient désolidarisés de cette direction qui aurait pu conduire la France à accomplir de belles choses. Mais Hollande a laissé faire, et le PS s'est clivé avec lui, c'est sans doute sa plus grande erreur», ajoute Sarah, qui voit en Emmanuel Macron, celui qui sera capable de prendre «le virage social-libéral que doit prendre la France.»

    «Hamon c'est un homme qui sert des idées que le PS défendait il y a 30 ans»

    Laure est à peine plus âgée que Sarah. Cette cadre en région lyonnaise, mère de deux filles, assure avoir toujours voté pour le PS mais admet avoir des «idées qui évoluent un peu plus à droite en vieillissant». Ce rendez-vous est un peu son baptême du feu car il s'agit de son premier meeting... tout court. Elle aussi est une déçue du «Hollandisme» et de la gauche en général, et même si elle admet ne pas connaître toutes les idées de Macron, elle sait qu'elle compte voter pour lui pour l'élection présidentielle. «Le personnage m'attire beaucoup, si je suis là aujourd'hui c'est parce que je suis attirée par sa jeunesse, sa modernité», sourit Laure, en rougissant. Et lorsqu'on lui demande si Benoît Hamon ne pourrait pas lui aussi jouer cette carte de la modernité, Laure nous coupe tout de suite.

    «J’ai toujours voté pour le candidat PS, mais Benoît Hamon ce n'est pas possible! Il a proposé des mesures qui sont rédhibitoires, il ne représente pas une alternative, alors qu'en 2017 on a besoin de sortir des schémas classiques», répond Laure. «Hamon c'est un homme biberonné par le parti socialiste, un apparatchik qui sert des idées que le PS défendait il y a 30 ans. Il est temps d'avoir de vraies idées neuves!»

    Elle avoue ne pas savoir si le Parti socialiste est mort comme lui a lancé sa voisine, mais elle est sûre de ne plus vouloir voir les mêmes visages diriger la France.

    «On reproche à Emmanuel Macron d'avoir été banquier, mais lui au moins il a travaillé dans sa vie. Pas comme tous ces candidats qui n'ont fait que de la politique et qui prétendent savoir ce qu'est le travail.»