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    Comment Trump a fait croire qu'il avait eu une relation avec Carla Bruni

    Au début des années 90, le New York Post rapporte que Carla Bruni et Donald Trump ont eu une liaison. Voici comment cette rumeur a été habilement entretenue par le candidat républicain.

    Le matin du 26 juin 1991, le cliché de Donald Trump orne la couverture du New York Post. Et à côté de la photo de sa petite amie de l'époque, Marla Maples, on peut lire: «C'EST FINI.»

    Donald Trump, selon le Post, a quitté Maples pour la mannequin italienne (et la future première dame de France) Carla Bruni. Ce matin-là, l'émission Today de NBC rapporte également l'information:

    «Et Donald Trump aurait rompu avec Marla Maples, la femme qui s'interposa entre lui et sa femme Ivana», annonce le présentateur Doreen Gentzler. "Le New York Post ajoute qu'elle a été expulsée de l'appartement de luxe de Trump et qu'il a débuté une liaison avec une mannequin italienne nommée Carla Bruni.»

    Trump confirme au Post le lendemain que celle qui est aujourd'hui la femme de Nicolas Sarkozy est bien sa compagne. Mais Carla Bruni dément rapidement cette relation.

    Alors comment est née cette rumeur? Plus tard, une biographie révèlera que c'est Donald Trump lui-même qui a inventé cette histoire pour se faire de la publicité.

    Cet épisode montre à quel point Donald Trump s'implique personnellement pour gérer sa propre image dans la presse, une tactique qu'il utilisa avec succès lorsqu'il se fit connaître à New York et qu'il continue à utiliser pour sa campagne présidentielle actuelle.

    «C'est faux, je ne l'ai rencontré qu'une fois», lâche Carla Bruni

    «De toute évidence, Trump est fou», a ainsi lâché Carla Bruni au cours d'une interview avec le Daily Mail quelques années après. «C'est absolument faux et je suis profondément embarrassée par tout cela. Je ne l'ai rencontré qu'une fois, il y a un an, lors d'une grande soirée caritative à New York. Et je ne l'ai pas revu après, j'en suis sûre.»

    «C'est n'importe quoi», précise-t-elle à propos d'un éventuel lien avec Donald Trump, en ajoutant qu'il s'agit peut-être d'une méprise sur l'identité.

    «Il y a sûrement des centaines de mannequins nommées Carla», déclare-t-elle au Mail. «Juste parce que je suis connue, ils ont peut être tiré des conclusions hâtives et associé le mauvais visage à ce nom.»

    Même Trump admet finalement au Mail qu'il n'y a pas eu de romance.

    «Ces histoires c'est n'importe quoi», dit-il à l'époque, tout en ajoutant que «c'est une amie».

    Comment Trump a inventé cette rumeur

    Cependant, selon la biographie de Harry Hurt III sur Trump, Lost Tycoon, Carla Bruni n'était pas non plus amie avec Donald Tump.

    «Carla ne considère pas Donald Trump comme l'un des grands de ce monde», écrit Harry Hurt. Et de poursuivre:

    «Après son arrivée à New York, il l'a suivie jusqu'à l'hôtel Mayfair Regent et a essayé de s'attirer ses grâces. Carla l'a informé malicieusement que sa "sœur" allait la rejoindre. Il a immédiatement proposé de lui fournir une chambre au Plaza Hotel. La visiteuse était en réalité une amie de Carla de longue date qui arriva au Plaza avec un petit copain. Carla et ses amis passèrent les jours suivants à profiter du service de chambre et à se vanter de la manière dont ils avaient dupé le "Roi du mauvais goût".»

    Harry Hurt révèle qu'après s'être fait confirmer que la mannequin italienne était célibataire, Donald Trump lança une rumeur sur une relation entre lui et Bruni, ce qui poussa cette dernière à l'affronter directement.

    «Comment oses-tu faire cela!», lui a-t-elle crié selon Harry Hurt, «Ce n'est pas vrai!».

    Pour lancer cette intox, Trump usurpe son identité

    La preuve de l'implication directe de Trump apparaît dans People qui publie un article suggérant que le candidat républicain avait imité son propre agent de relations publiques lors d'une interview avec le magazine:

    «Le 26 juin 1991, le tabloïd New York Post publie une couverture annonçant que Trump, 45 ans, avait quitté sa partenaire de longue date, Marla Maples, 27 ans, et commencé une relation avec une mannequin italienne nommée Carla.

    Une reporter de PEOPLE contacte alors le bureau de Trump pour savoir si l'histoire était vraie. Cinq minutes plus tard, un homme se présentant comme John Miller la rappelle, en disant qu'il est chargé de la communication de Trump et confirme tout, en détails. Le magazine poursuit:

    «"Oui", dit John Miller, "c'est fini avec Marla". "Cela lui est égal que Marla parle; il s'en fiche totalement."

    Il se vante aussi de l'armée de femmes convoitant Donald Trump: "Madonna, entre autres", dit-il, et "Kim Basinger". "Des belles femmes importantes l'appellent sans arrêt", confie Miller.

    Ce fut une interview fascinante, encore plus fascinante quand la reporter se rendit compte que l'homme qu'elle avait au téléphone semblait être...Donald Trump. Il s'était fait passer pour un chargé de com".»

    Le magazine fait écouter la cassette à Marla Maples qui confirme que la voix au téléphone était bien celle de Donald Trump.

    En 2008, Donald Trump entretient encore cette rumeur

    Des années plus tard, lors d'une interview avec le célèbre (et vulgaire) animateur Howard Stern en 2008, Trump est une nouvelle fois interrogé au sujet de Carla Bruni dans le cadre de son mariage avec Nicolas Sarkozy.

    «Poitrine très plate, pas ton type de femme, Howard», lâche Donald Trump dès que Howard Stern mentionne son nom.

    Lorsqu'on lui demande s'il est sorti avec elle, Donald Trump refuse de répondre (en riant tout en disant «pas de commentaire»). Et en laissant croire qu'il a bien eu une relation avec elle.

    «Puis-je dire pas de commentaire, laissez-moi juste dire, pas de commentaire, j'essaye d'être diplomate envers ce pays (la France, ndlr)», continue-t-il. «En tant que grand diplomate, Howard, en tant que grand diplomate pour ce pays, laissez-moi dire pas de commentaire.»

    «Il y a en a de beaucoup mieux», répond Donald Trump quand on lui demande si elle est belle.

    «Tu arrêtes quand tu trouves mieux», ajoute-t-il lorsque Howard Stern lui demande pourquoi il arrêterait de «se taper» Carla Bruni.

    «C'est compliqué; je connais Carla, mais je ne veux pas faire de commentaire», dit-il.

    «Elle était si mauvaise au lit ?», demande Stern.

    «Je ne peux pas faire de commentaire sur cela», ajoute Trump. «Elle va se marier avec le président de la France. Je veux avoir de bonnes relations avec la France. Je ne veux pas critiquer la première dame de France.» Et d'ajouter:

    «Je la connais, je la connais bien mais je ne peux pas commenter cela car j'ai de trop bonnes relations avec le merveilleux pays qu'est la France», dit-il.

    «Elle est sûrement restée allongée là comme une étoile de mer», insiste Stern.

    «Je ne peux pas faire de commentaire», répète Trump sans jamais démentir clairement l'existence d'une relation entre lui et Carla Bruni.

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