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    Comment Steve Bannon a pris les rênes du gouvernement Trump

    Un week-end chaotique révèle qui est aux commandes à la Maison-Blanche.

    WASHINGTON - Un week-end de chaos et de conflit a mis les choses au clair: Steve Bannon est l'homme qui façonne la présidence de Donald Trump.

    La panique s'est emparée des États-Unis entre vendredi soir et samedi, avec des gens embarquant dans des vols internationaux, des réfugiés et détenteurs de visa retenus dans les aéroports, et des avocats et manifestants se retrouvant au cœur du tumulte après le décret présidentiel de Donald Trump interdisant l'entrée aux États-Unis d'immigrés de sept pays à majorité musulmane. C'est la preuve ultime que Trump met bien en place les changements radicaux sur l'immigration qu'il a promis tout au long de sa campagne.

    Puis, au beau milieu de ce tollé, l'administration a publié samedi soir une note présidentielle réorganisant le Conseil national de sécurité et conférant à Steve Bannon, stratège en chef de Trump, plus de pouvoir que le directeur des renseignements nationaux et le président du Comité des chefs d'états-majors. Cette décision montre que la figure centrale de l'équipe de la Maison-Blanche, et l'un des hommes les plus puissants d'Amérique, est désormais Steve Bannon. Et on reconnaît clairement sa patte dans les décrets présidentiels anti-immigration et anti-réfugiés de Trump.

    #StopPresidentBannon

    Alors que Steve Bannon se révèle être au centre de l'administration, l'ancien patron de Breitbart (qui semble aimer la controverse mais refuse la plupart des interviews –y compris celle que nous lui avons proposée pour cet article) est également devenu la cible principale de l'opposition à Trump. À un moment, le hashtag le plus utilisé sur Twitter dimanche était #StopPresidentBannon.

    Steve Bannon s'est hissé dans les rangs du pouvoir en utilisant Breitbart pour lancer des attaques féroces contre les Républicains plus modérés et en accueillant les éléments racistes et nationalistes blancs du parti (même s'il a désavoué les visions nationalistes blanches). Steve Bannon et Stephen Miller, son proche allié à la Maison-Blanche, se sont plutôt revendiqués comme «simplement» nationalistes. Et en une semaine, ils ont constitué un bastion de pouvoir clair au sein des conseillers de la Maison-Blanche.

    Bannon et Miller ont rédigé le discours inaugural de Trump, qui faisait référence à un «carnage américain», avant d'écrire les jours suivants des décrets présidentiels qui semblaient vouloir y mettre fin. Si la construction du mur avec le Mexique n'a jamais été un secret, un décret sur l'application de ce plan contenait des recommandations de politique dure, comme le fait de refuser le financement fédéral des «villes refuges» –qui refusent de coopérer avec la police fédérale pour expulser les sans-papiers, de publier les crimes commis par des immigrés sans-papiers dans ces mêmes villes sanctuaires, et de mettre fin à la protection de leur vie privée.

    Ils auraient également contré la ligne directrice du ministère américain de la sécurité intérieure, qui voulait que les détenteurs de la «green card» ne soient pas touchés, selon CNN. L'affirmation a ensuite été démentie dimanche par Reince Priebus, chef de cabinet de la Maison-Blanche, qui a ajouté que les personnes possédant un permis de résidence permanent aux États-Unis devraient tout de même se plier à plus de contrôles et de questions.

    Une première semaine clé pour Bannon

    Une source proche de l'administration Trump a démenti le fait que Steve Bannon tirait les ficelles, précisant que Donald Trump ne faisait que ce qu'il voulait faire. Cette source a loué le travail de Steve Bannon, parlant de lui comme d'une «personne qui comprend parfaitement le sentiment populiste encouragé par le président durant la campagne électorale» et qui mettra effectivement en place cette vision.

    En ce qui concerne le Conseil de sécurité nationale, notre source a souligné que Steve Bannon ne remplaçait pas les responsables militaires ni ceux du renseignement mais rejoignait simplement le groupe, étant l'un des «meilleurs experts des mouvements populistes et nationalistes que nous constatons partout dans le monde». (Pour en savoir plus sur la vision du monde de Steve Bannon, BuzzFeed News a retrouvé un de ses discours de 2014).

    Mais des sources républicaines clés, qui ont été en contact avec l'administration, ont expliqué à BuzzFeed News qu'à leurs yeux, les événements de la première semaine était une façon pour Steve Bannon d'asseoir son pouvoir dans la concurrence interne entre différents camps qui conseillent Trump.

    Et dimanche, un rapport Axios a indiqué que Steve Bannon «avait nommé dans l'équipe économique de l'administration des agents qui soutiennent ou, tout du moins, sont ouverts à ses idées nationalistes», et que pendant la transition, «il rêvait d'un plan d'action qui s'adapterait parfaitement à la base de Trump, avec une main ingénieusement tendue vers les syndicats et les minorités grâce à un programme de dépenses en infrastructure».

    Une fin à la Cromwell?

    La seule menace réelle planant sur le pouvoir de Steve Bannon semble être Donald Trump, qui par le passé a encouragé une concurrence entre ses conseillers afin de limiter le pouvoir d'un seul individu. Il ne semble pour l'instant pas s'inquiéter du fait que l'ancien président de Breitbart soit aux commandes de la ligne directrice de son administration.

    Dans une interview avec The Hollywood Reporter, Steve Bannon se comparait à Thomas Cromwell, le ministre du roi Henry VIII, au XVIe siècle.

    Thomas Cromwell est devenu le plus fidèle conseiller du roi, l'aidant à conduire la Réforme anglaise et à «renforcer les grandes déclarations de Henry VIII». Mais Steve Bannon a oublié de raconter la fin de l'histoire: Cromwell a été exécuté pour trahison par un roi capricieux.

    Tarini Parti a contribué à ce rapport.

    Ce post a été traduit de l'anglais.