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    Ces chocolatiers ivoiriens transforment l'industrie du chocolat

    «La Côte d'Ivoire produit 40% du cacao mondial, alors pourquoi ne faisons-nous pas partie du marché du chocolat?»

    Le Salon du chocolat de Paris représente l'expérience concrète la plus proche de la chocolaterie de Willy Wonka. Cet événement annuel rassemble les plus grands chocolatiers et pâtissiers du monde.

    Mais parmi toutes ces impressionnantes créations, quelque chose attire notre attention. Le spectacle, qui fait le tour du monde, n'a jamais compté la présence d'un chocolatier issu de l'un des 54 pays d'Afrique.

    Quatre pays d'Afrique de l'Ouest —la Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Ghana et le Nigeria— produisent pourtant près de trois quarts des fèves de cacao du monde, l'ingrédient de base du chocolat.

    Instant Chocolat est une start-up de Côte d'Ivoire qui veut faire bouger les choses. Ils espèrent changer le cours de l'histoire en devenant la première société du continent représentée au prestigieux Salon de Paris, qui se tiendra du 28 octobre au 1er novembre 2016 à la porte de Versailles.

    La Côte d'Ivoire est la capitale mondiale du cacao et cultive à elle seule la moitié de l'approvisionnement mondial en fèves douces. Cette situation a poussé l'Ivoirien Axel Emmanuel à quitter son poste de banquier il y a cinq ans pour réaliser des gâteaux et des chocolats personnalisés à Abidjan, la principale ville du pays.

    «La Côte d'Ivoire produit 40% du cacao mondial, alors pourquoi ne faisons-nous pas partie du marché du chocolat?» a expliqué Yvan Akré, le cofondateur d'Instant Chocolat à BuzzFeed News par téléphone depuis Abidjan.

    Une équipe composée de six chefs et d'un designer confectionnent chaque chocolat –et son élégant papier d'emballage– à la main.

    La société a pris son envol au cours des derniers mois. Elle a reçu des commandes de nombreux pays comme le Cameroun, les États-Unis, le Canada et la Guinée. L'une d'entre elles venait d'une société marocaine qui souhaitait 25 tonnes de chocolat.

    Les chocolats arborent fièrement leurs racines ivoiriennes, que ce soit à travers de subtiles gravures sur des cosses de cacao ou en rendant hommage aux masques de fête Zaouli.

    Les chocolats ne sont pas traditionnellement des en-cas de choix en Afrique de l'Ouest, où la personne moyenne mange environ quatre barres Snickers par an. À titre de comparaison, les Américains en consomment généralement 82 par an. «Les gens ici considèrent souvent le chocolat comme un produit de luxe», souligne Akré.

    Le chocolat reste un produit cher —les fèves sont exportées à l'étranger à l'état brut pour être transformées en chocolat et renvoyées une fois le produit fini, qui est alors hors de prix. Le traitement des produits agricoles au sein du pays pourrait sortir des millions de personnes de la pauvreté, mais cette solution est souvent négligée au profit de quêtes plus attirantes et rapides, comme le pétrole et les diamants.

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    Des musiciens du continent ont produit Cocoa na Chocolate en 2014 pour souligner l'écart entre les matières premières extraites d'Afrique et les produits réalisés ailleurs.

    Il existe toutefois quelques délicieuses exceptions. Cette superbe petite île s'appelle Principe. Autrefois plus grande exportatrice de fèves de cacao du monde, elle compte aujourd'hui un dernier champ qui produit toujours l'un des chocolats les plus raffinés et les plus chers au monde.

    En outre, le Ghana abrite la seule usine au monde qui produit des barres de chocolat sans mélange —pour les non-initiés, cela signifie sans mélanger les fèves avec de la vanille, de l'huile de palme ou du lait.

    Tous ces éléments incitent encore plus le Salon du Chocolat à accueillir Instant Chocolat.

    «Nous voulons montrer au monde ce que la Côte d'Ivoire est capable de faire», conclut Akré.